Le rôle du spectateur
Quand est-on spectateur / observateur et quand est-on artiste ? Quel rôle a-t-on en tant que spectateur / observateur et que signifie être artiste ? Quelle est la relation entre le public et l’artiste ? Comment le public et l’artiste sont-ils connectés ? Est-ce que l’art ou l’artiste a besoin d’un spectateur ? Quelles sont les caractéristiques de l’espace que le spectateur et les artistes partagent ? Y a-t-il des différences dans la qualité de la relation entre le public et les artistes selon la forme concernée ? Quelles caractéristiques spatiales, physique et psychologiques sont l’essence du spectateur ?
Le spectateur et l’artiste se font face et s’affrontent depuis des positions différentes. Leurs attitudes caractéristiques respectives sont fondamentalement différentes l’une de l’autre. L’interprétation conventionnelle de leur relation attribue à l’artiste un rôle actif et au spectateur un rôle passif. « Etre spectateur signifie regarder un spectacle. … Celui qui regarde un spectacle reste immobile dans son fauteuil, dépourvu de tout pouvoir d’intervention. Être spectateur signifie être passif. » (RANCIÈRE Jacques, The emancipated spectator, dans Artform, mars 2007.)
En tant que producteur et créateur de son travail, l’artiste initie par son acte créatif un processus qui prend ses origines d’une idée dans son esprit et qui continue à progresser par la matérialisation de cette idée jusqu’au moment de l’acte de vision ou de contemplation par le public.
Ce processus crée un événement communicatif. Dans tout acte communicatif, un émetteur et un récepteur sont en jeu. L’artiste est l’émetteur, c’est à dire l’initiateur du processus communicatif. Dans ce cas, l’artiste a une position initiale prioritaire sur le spectateur. L’artiste parle en premier, il expose sa vision. Le spectateur est le destinataire de l’oeuvre artistique, il reçoit la vision de l’artiste.
Est-ce que l’artiste sans public reste un artiste ? Est-ce que le spectateur est le but de la création artistique ? Est-ce que son existence présupposée est une condition au sens de l’art ? Existe-t-il un art qui n’a pas besoin de spectateur ? Où peut-on fixer la limite entre le spectateur et l’artiste ? Qui la fixe et à quel point est-elle insurmontable ? Existe-t-il une zone grise où l’on ne peut plus distinguer le spectateur et l’artiste ?
Artistes participants
Art de la scène
Larisa Faber/Ian de Toffoli, Théâtre / Littérature, Luxembourg
Fernanda Ortiz, Danse – Choréographie, Hamburg, Germany
Victoria Hauke, Danse – Choréographie, Hamburg, Germany
Beaux arts
Justine Blau, Installation, Luxembourg
Catherine Richard, Film, Luxembourg
Florian Türcke, Installation sonore, Nürnberg, Germany
Animateur
Gianfranco Celestino, Choréographie, Luxembourg
A l’école d’art dramatique, j’avais tellement peur du public que je jouais sans mes lunettes. J’ai dû en quelque sorte associer le public avec cette espèce si redoutée : le jury des auditions d’école d’art dramatique. Désormais, je chéris le public, je m’en nourris, il me manque en répétition – et heureusement je suppose étant donné que ma vue a baissé. Je ne pourrais plus réussir mon truc de l’école d’art dramatique maintenant. Je suis contente de ne plus devoir cependant, à quoi tout cela sert s’il n’y a pas de public pour communiquer ?
Larisa Faber
actriceSi un auteur prétend qu’il ne pense pas au public quand il écrit, il ment. Même s’il n’écrit pas pour plaire ou pour éduquer, même si cela ne reflète pas en tout point ce que l’auditeur ou le lecteur ressentira, il y a toujours un effet recherché. « Variations pour une actrice » parle du jeu avec cet effet désiré sans considération de ce que l’histoire raconte.
Ian De Toffoli
écrivainJ’aimerais proposer une réflexion sur l’espace de l’étalage et sa relation avec le spectateur. Je travaille depuis longtemps avec des dômes, des vitrines, des cubes de Plexiglas pour la création de mes installations. Ce qui m’intéresse, c’est la manière dont ces étalages coupent l’espace environnant, en séparant l’objet à l’intérieur du reste du monde extérieur et créant ainsi un espace intemporel. Pour ce projet, je vais créer une série de sculptures en travaillant avec des cubes et des plaques de verre et de Plexiglas. Ces sculptures seront présentées sur une grande table comme une série d’essais scientifiques.
Justine Blau
artiste visuelle
Pendant la soirée « Friday-Island », j’oscillerai entre plusieurs mises en scène différentes pour les artistes et le public. Elles examineront comment la communi(cati)on et le partage d’une conscience avec l’observateur rentrent en jeu. Les mises en scène mettront par exemple l’accent sur l’espace / la direction / la distance ou sur le langage parlé / les mouvements du corps / le rythme. L’aisance et le flux de communication, la reconnaissance d’une résistance ou d’un échec : les qualités d’acceptation, de transformation et de faire-semblant peuvent toute faire partie du jeu.
Victoria Hauke
danseuse/choréographe